Repenser son organisation®

Fiche N°5

L’allocation de l’autorité (1ère partie)

L’allocation de l’autorité au sein de l’organisation est le premier des cinq paramètres de conception (fiche N°4). La centralisation (l’allocation centrale de l’autorité) et la décentralisation (l’allocation locale de l’autorité) sont les deux forces en tension ici en jeu.

Trois types de décisions

L’autorité s’entend comme la capacité à prendre ou faire prendre des décisions. On distingue fréquemment trois types de décisions : stratégiques, tactiques et opérationnelles.

Les décisions stratégiques concernent l’ensemble de l’organisation. Elles conditionnent la manière dont cette dernière s’insère dans son environnement d’une part, le but qu’elle cherche à atteindre d’autre part. Les décisions stratégiques engagent sur le long terme. Elles sont uniques, peu prévisibles et non programmables. Enfin, elles sont difficilement réversibles. Quand elles le sont, c’est au prix de coûts importants et souvent prohibitifs.

Les décisions tactiques concernent, elles, la manière dont les ressources sont utilisées pour atteindre le but visé.  Centrées sur les processus, elles s’inscrivent dans le prolongement des décisions stratégiques. Elles sont peu fréquentes, relativement peu prévisibles et engagent l’organisation sur le moyen terme.

Enfin, les décisions opérationnelles concernent l’optimisation des ressources allouées lors des décisions tactiques. Elles correspondent aux choix et aux arbitrages de court terme et du quotidien. Elles sont fréquentes, courantes, répétitives et assez prévisibles.

Organisation centralisée et décentralisée

Les deux forces en tension qui composent le premier des cinq paramètres de conception sont la centralisation (allocation centrale de l’autorité) et la décentralisation (allocation locale de l’autorité). La première tend à positionner le pouvoir de décision au sommet de l’organisation en l’affectant à une seule ou à un nombre réduit d’entités. La seconde, quant à elle, tire l’autorité vers la base de l’organisation et la répartit entre le plus grand nombre d’entités possible. Quand l’allocation de l’autorité est centrale on parle d’organisation centralisée, et d’organisation décentralisée quand elle est locale. Au sein d’une organisation, l’allocation de l’autorité peut prendre quatre formes différentes : centrale, plutôt centrale, plutôt locale ou locale.

L’allocation de l’autorité est centrale quand une des entités (ou un nombre réduit d’entités), placée au sommet de l’organisation, prend l’ensemble des décisions stratégiques, tactiques et opérationnelles. Les autres entités ne font qu’exécuter. Aucune autorité ne leur est allouée.

L’allocation de l’autorité est plutôt centrale quand, par l’intermédiaire d’un processus de délégation, le sommet, qui reste responsable, autorise des entités d’un ou de plusieurs niveaux organisationnels inférieurs à prendre certaines décisions à sa place. L’autorité déléguée permet que des décisions opérationnelles, exceptionnellement tactiques, mais jamais stratégiques, soient prises aux niveaux inférieurs.

L’allocation de l’autorité est locale quand les entités opérationnelles, celles placées à la base de l’organisation, sont complètement autonomes, c’est-à-dire prennent l’ensemble des décisions tactiques et opérationnelles les concernant et participent activement aux décisions stratégiques. Le rôle du sommet consiste alors, non pas à définir une stratégie d’ensemble de manière top down, mais, au contraire, à réguler un processus bottom up de manière à ce qu’une vision stratégique commune émerge des enjeux de chacune des entités opérationnelles tout en les englobant. Dans une organisation décentralisée, seules les décisions liées aux activités dites régaliennes et à certains services mutualisés restent dans les mains du sommet de l’organisation.

L’allocation de l’autorité est plutôt locale quand, par l’intermédiaire d’un processus de subsidiarité et non de délégation, certaines décisions, que les entités opérationnelles ne sont pas en mesure de prendre, remontent au(x) niveau(x) supérieur(s) vers le sommet de l’organisation. L’autorité est alors largement locale pour les décisions opérationnelles et tactiques. Les décisions stratégiques, quant à elles, restent dans les mains du sommet de l’organisation au niveau central.